samedi 3 mai 2008

1. L’accroissement des richesses constituant le but final, quels sont les mécanismes qui intéressent
plus particulièrement les Classiques comme moyens pour atteindre cet objectif ?
Premièrement, il faut définir la richesse chez les classiques. La richesse est le flux des produits
obtenus par le travail de la nation au cours d’une période, l’année par exemple. La création des
richesses se fait donc par la production qui nécessite les facteurs travail et capital. L’accroissement des
richesses, donc l’enrichissement, se fait par la croissance du potentiel productif par rapport à sa simple
reproduction.
Le surplus est la différence entre la production annuelle totale et la part qui doit en être déduite pour sa
reproduction à l’identique. Le surplus doit être réinvesti pour s’accroître. S’il est entièrement
consommé, il n’y a ni accumulation, ni croissance.
2. Explicitez les enjeux que représentent les problèmes de répartition dans l’économie politique
classique.
Les problèmes de répartition sont liés à la structure de la société qui est composée de plusieurs
classes sociales qui ont des rémunérations différentes :
 les travailleurs rémunérés par des salaires ;
 les capitalistes rémunérés par des profits ;
 les propriétaires terriens rémunérés par leurs rentes.
L’important est de savoir comment se forment ces rémunérations, et comprendre leurs liens. Il faut
définir la source de la valeur pour parler de la production de la richesse :
 pour les salariés, leur seul bien est la force de travail ;
 pour les capitalistes, le profit est lié à l’avance de capital ;
 pour les propriétaires, la rente provient de la location de la terre.
Les capitalistes ont le rôle le plus important dans l’accumulation, car ils paient les travailleurs. La
dynamique du surplus repose sur les capitalistes et va dépendre de cette répartition. Par exemple, plus
la rémunération des travailleurs est élevée, moins le surplus dégagé est fort.
3. Quelle place occupent les idées d’intérêt personnel et de libre compétition dans cette économie
politique ?
L’argument de Smith est que chaque individu, en cherchant son propre intérêt, agit pour le bienêtre
de la nation. L’individu est motivé par son amour de soi et son égoïsme.
Pour les classiques, l’organisation marchande de la répartition des tâches et de l’affectation des
ressources assure la régulation économique. La concurrence marchande des individus propriétaires
privés de leurs biens et libres de s’enrichir est le meilleur moyen d’assurer l’enrichissement global.
D’où les positions libérales des auteurs classiques qui limitent le rôle économique de l’État.
Pour résumer, chez les classiques, la libre compétition est un lieu de libre expression des intérêts
privés qui coordonnent les décisions des individus et réalisent un emploi approprié des ressources.

1. De quels types de division du travail parle A. Smith ?
Pour Smith, la richesse des nations dépend du travail qui lui est consacré et de sa productivité.
C’est le travail et lui seul qui produit. La terre et le capital ne sont que les moyens du travail, non
productifs par eux-mêmes. Pour augmenter la productivité, Smith parle de la division du travail, c’està-
dire la subdivision des étapes de la production avec plusieurs manifestations (division technique) et
la division du travail social, qui est la spécialisation par corps de métier. Cette spécialisation va créer
une forte interdépendance entre les travailleurs.
Pour Smith, c’est l’échange entre les individus, penchant naturel des hommes et lien économique
fondamental entre eux, qui permet la spécialisation : chaque individu peut obtenir ce dont il a besoin
contre ce qu’il a produit, ce qui rend possible la division du travail.
2. Quels sont les trois avantages de la division du travail ?
Les trois avantages de la division du travail sont :
 l’habilité croissante entraînant une amélioration de la production ;
 le gain de temps entre les opérations, la spécialisation fait diminuer les temps morts qui
incitent le travailleur à flâner (aversion pour l’effort) ;
 l’innovation technique qui est une conséquence de la spécialisation et des besoins de
coordination des tâches. Les progrès techniques viennent pour une grande partie des
travailleurs eux-mêmes.
3. Quelles sont les conséquences de la division du travail ? Comment contribue-t-elle à
l’opulence des sociétés ?
La conséquence de la division du travail est qu’elle permet l’accroissement de la productivité. Pour
Smith, c’est le travail et lui seul qui produit ; accroître les quantités de travail mises en oeuvre et
améliorer la productivité permettent d’enrichir les nations car chaque individu peut obtenir ce dont il a
besoin contre ce qu’il a produit.
4. Quel est, selon A. Smith, le mobile de l’activité économique d’un individu ?
L’intérêt personnel, caractérisé par la recherche d’un gain privé, est le mobile de l’activité
économique d’un individu.
5. Pourquoi l’étendue des marchés limite-t-elle la division du travail ?
Comme on l’a déjà dit, ce qui rend possible la division du travail est que chaque individu peut
obtenir ce dont il a besoin contre ce qu’il a produit sur le marché. L’étendue des marchés est donc à
long terme l’une des limites à l’expansion de la production et de la division du travail.

1. Quels sont les critères de définition du concept de travail productif ? Et de celui de travail
improductif ?
Pour Smith, le travail qui est une mesure invariable dans le temps, fonde la valeur des biens,
contrairement à la monnaie définie par rapport à l’or ou à l’argent, qui a une valeur pouvant varier
d’une période à une autre. La valeur d’une marchandise est donc mesurée par la quantité de travail
qu’elle commande (qu’elle achète).
Smith distingue 2 formes de travail, qui n’ont pas les mêmes résultats :
 le travail productif, payé par le capital, est celui qui produit des marchandises. Grâce aux
ventes, il reproduit sa propre valeur et également un profit ;
 le travail improductif (domestique), qui fournit des services consommés sans passer par le
marché, est payé à partir des revenus. Il ne produit pas de marchandises, et donc ne
reproduit pas sa valeur.
Pour Smith, le cycle de production permettant de dégager un profit et un surplus se fait grâce à la
vente de biens matériels. Ce surplus va permettre au capitaliste ou au rentier de réaliser des dépenses
improductives.
Smith s’oppose au travail improductif car, étant hors cycle de production, il diminue le surplus qui
diminue l’investissement et qui ralentit l’accroissement des richesses.
2. Quels sont les rapports entre capital et travail productif, entre revenu et travail improductif ?
Pour Smith, le produit annuel de la terre et du capital d’un pays se divise en 2 parties :
 la 1ère partie est destinée à remplacer ou entretenir le capital ;
 l’autre partie est destinée à former un revenu comme le profit ou la rente.
Pour Smith, le fond de salaire destiné aux travailleurs productifs provient de la partie du produit ici
destinée à entretenir le capital. Cette partie du produit ne peut entretenir que les salariés productifs.
Les avances en salaires des travailleurs productifs sont considérées comme des dépenses en
investissement, une fois le produit vendu.
Inversement, le fond de salaire destiné aux travailleurs improductifs provient de la partie du produit
qui est destinée à former un revenu. Cependant, le revenu peut indifféremment entretenir des salariés
productifs ou improductifs. Le salaire improductif est considéré comme une dépense en consommation
sans récupération des avances.
3. Quel statut occupe l’épargne dans l’accumulation du capital ?
Elle est forcément investie chez Smith (I = S).
La part du revenu qui revient au propriétaire du capital de la terre est le surplus disponible pour
l’accumulation et l’épargne. Elle est la partie non consommée du revenu, et ne consiste pas à garder de
la richesse sous forme monétaire. Pour Smith, l’accumulation n’est possible que si la totalité des
revenus des propriétaires n’est pas complètement consommée.
L’épargne permet d’augmenter les retours de production, et donc l’accumulation. L’accumulation
dépend donc de la façon dont les capitalistes et les propriétaires de terre vont employer le surplus : en
consommation ou en capital. L’accumulation pour l’épargne peut donc être entravée par l’étendue du
marché ou par l’insuffisance de l’épargne.

4. Commentez la proposition suivante : « Ce qui est annuellement épargnée est aussi
régulièrement consommé que ce qui est annuellement dépensé, et il l’est presque dans le
même temps. »
Chez Smith, l’épargne n’est pas de la conservation de richesse sous forme monétaire. Elle est
utilisée soit pour acheter des biens de production, soit pour prêter à des entrepreneurs.

1. Explicitez la typologie des marchandises retenue par Ricardo.
Ricardo, comme Smith, a besoin d’une mesure invariable de la valeur des marchandises, à travers
la différence entre valeur d’usage, qui traduit l’utilité d’une marchandise, et valeur d’échange, qui est
le pouvoir d’acheter d’autres marchandises avec la marchandise possédée.
Ricardo conclut que l’utilité n’est pas la mesure de la valeur échangeable, bien qu’elle soit absolument
essentielle.
Deux critères sont retenus par Ricardo pour mesurer la valeur d’un bien : la rareté et la quantité de
travail exigée pour l’obtenir. Les marchandises rares formant une très petite partie des marchandises
échangées sur le marché, Ricardo limite le champ de l’analyse aux marchandises indéfiniment
produites et reproductibles au niveau du marché concurrentiel.
La valeur d’une marchandise se mesure donc par les quantités de travail incorporées dans la
production de ces marchandises.
2. Pourquoi l’utilité ne peut-elle être le fondement de la valeur d’échange des marchandises ?
Ricardo démontre que les marchandises à forte valeur d’usage, c’est-à-dire à forte utilité (air, eau)
ont souvent une faible valeur d’échange. Cependant, on ne peut pas dire qu’il y ait une relation inverse
entre valeur d’usage et valeur d’échange. Ricardo comme Smith cherche une mesure INVARIABLE
de la valeur, une unité de compte dont la valeur propre ne varie pas dans le temps. Or, l’utilité d’un
objet peut varier dans le temps en fonction de la disponibilité de l’objet.
Ricardo rejette donc l’utilité comme fondement de la valeur.
3. De quel problème la section 2 traite-t-elle ? Que pensez-vous de la solution proposée par
Ricardo ?
Le problème posé par Ricardo est la mesure de la valeur travail, dû à l’hétérogénéité de celui-ci. Il
existe plusieurs formes de travail : qualifié, …
Pour Ricardo, les différentes qualités de travail sont ajustées sur le marché en fonction de l’habilité
comparative du travailleur et de l’intensité du travail accompli, et forment une échelle de valeur qui,
une fois établie, est sujette à peu de variations.
La solution proposée par Ricardo permet de prendre en compte la qualité du travail dans la valeur des
marchandises. Or, cette qualité est très difficilement quantifiable. Ricardo s’en remet donc au Marché
pour expliquer cette échelle de valeur.

1. Qu’est-ce que le prix naturel ? Le prix de marché ?
58 Td de Théories économiques de la valeur et de la répartition − Partie 1
Le prix naturel correspond au prix minimum de vente de la marchandise, de façon à ce qu’il
permette au producteur de couvrir les frais normaux de sa production et de renouveler son activité. Le
prix naturel est déterminé hors marché et est soumis à une logique de reproduction des ressources
techniques de la production. Ce prix est relativement stable dans le temps car il change quand les
conditions de production changent.
Le prix de marché résulte de la confrontation de l’offre et de la demande. Il dépend de la proportion
entre la quantité offerte et la demande, sachant que les producteurs vendent toutes leurs marchandises.
2. En quoi le prix naturel peut-il être qualifié de primitif ?
Le prix naturel est qualifié de prix primitif car même s’il assure la cohérence du système en
permettant la reproduction des conditions de l’activité économique, il se fait en dehors du marché et
donc en dehors de tous les liens sociaux entre les échangistes.
3. Quels mécanismes expliquent la convergence du prix de marché vers le prix naturel ?
La confrontation de l’offre et de la demande se traduit par un prix de marché qui dépend de la
proportion entre la quantité offerte et de la demande. Les producteurs vont adapter leur production ou
quitter les secteurs où l’offre est surabondante, pour profiter des gains là où la demande est
insuffisante. L’offre diminue là où elle est excédentaire et augmente là où elle est insuffisante.
Sur tous les marchés, les quantités offertes se rapprochent des quantités demandées. Les prix de
marché convergent vers les prix naturels. Ce mécanisme de convergence est appelé « gravitation ». La
libre concurrence, c’est-à-dire la mobilité des capitaux et la libre entrée sur les marchés aboutit donc à
l’adaptation de la structure de l’offre et à celle de la demande.
Les prix des marchés indiquent les productions nécessaires, et ce sont les prix naturels qui s’imposent
et permettent de poursuivre la production en fonction de la demande.
Au terme du processus, les taux de revenu sont partout égaux aux taux naturels (état stationnaire). Les
prix des marchandises sont égaux à leurs coûts ; il n’y a pas de profits.


Pourquoi est-il important pour Ricardo d’avoir une définition précise de la rente ?
Un des problèmes central chez les Classiques est la répartition de la valeur entre les différentes
classes sociales. Ricardo veut montrer qu’il n’y a pas de relation entre la rente et le niveau de profit. Il
exclut donc la rente du problème de répartition. (Chez Smith, la rente est considérée comme un coût,
elle intervient donc dans la valeur des biens, alors que chez Ricardo elle est une part du surplus)
Ricardo précise sa définition de la rente par rapport à celle de Smith. Pour Ricardo, la rente paie les
facultés productives de la terre, alors que, pour Smith, la rente paie la terre dans son ensemble.
L’idée de Ricardo est que la rente ne rémunère que les facultés productives de la terre, c’est-à-dire les
facultés primitives et indestructibles du sol, et non la terre dans son ensemble.
2. Ricardo fait uniquement une théorie de la rente différentielle. Quelle est l’importance de cette
précision ?
En définissant la rente comme rémunération des facultés productives de la terre, c’est-à-dire
comme non mesurable en quantité de travail, Ricardo, qui voulait élaborer une théorie valeur travail
incorporé, cherche à éliminer la rente de sa théorie.
Pour lui, la rente différentielle provient de la différence de fertilité des terres : les mêmes dépenses en
travail n’apportent pas le même produit selon les terres. Hors, le prix du produit de la terre est fixé par
les conditions de production des plus mauvaises terres car il doit couvrir les salaires et les profits
nécessaires pour cultiver les terres les moins fertiles. Les entrepreneurs des terres (les fermiers) les
plus fertiles, dont les coûts sont moindre n’ont pas intérêts à vendre moins chère leur production, car
leur terre étant tout occupée, ils ne peuvent augmenter leurs productions et leurs parts de marché. Ils
réalisent donc un profit maximum. Les fermiers sont donc en concurrence pour obtenir la terre
productive, ce qui permet aux propriétaires d’exiger une part du surplus, c’est-à-dire une rente. Pour
Ricardo, si toutes les terres étaient en fertilité égale, la rente n’existerait pas.
À travers la rente différentielle, Ricardo montre que la rente n’est pas un coût de production et qu’elle
n’a donc pas d’influence sur la valeur des biens agricoles, qui est dictée par les conditions de
production des terres les plus mauvaises.
3. Quelles sont les conditions pour qu’existe une rente (différentielle) ?
Pour Ricardo, la rente découle de 2 conditions préalables :
 l’appropriation privée des terres ;
 la différence de fertilité des terres.
4. La rente est-elle une cause de la baisse des profits ?
Pour Ricardo, la rente n’intervient pas dans la composition de la valeur des biens agricoles, qui est
fixée par les conditions de production sur les plus mauvaises terres. Plus les fermiers utilisent des
mauvaises terres, plus les prix de la marchandise augmente, et plus la rente augmente sur les bonnes
60 Td de Théories économiques de la valeur et de la répartition − Partie 1
terres, car il y a concurrence. Cependant, il n’ y a pas d’effet direct entre la rente et la fixation des prix.
(Le prix du blé ne contient pas de rente, mais seulement des profits et des salaires)
La hausse de la rente n’est donc pas la cause de la hausse des prix, contrairement à l’analyse de Smith.
La rente n’a pas de conséquence sur le niveau des prix, et donc sur le profit. Pour Ricardo, l’existence
de la rente trouve sa légitimité dans le fait qu’il ne peut y avoir des taux de profit différents pour des
conditions d’emploi identiques dans toutes les branches de production.
Les rentes sont donc payées par les bonnes terres, parce que la quantité de travail incorporé dans leur
produit est inférieure à celle qui détermine le prix, et qu’il ne peut y avoir des taux de profits
différents.

1. Pourquoi le prix naturel du travail tend-il à augmenter avec le progrès de la société ?
Le prix naturel du travail dépend du prix des marchandises nécessaires à l’entretien du travailleur.
Pour Ricardo, le progrès de la société, c’est-à-dire l’accumulation, fait croître la demande en
nourriture, et conduit donc les fermiers à mettre en culture des terres moins fertiles, ce qui augmente le
prix du blé et donc le prix naturel du travail. De plus, lorsqu’il y a accumulation, une même quantité
de travail qui produit toujours une même valeur exige pour son entretien une part croissante de cette
valeur.
La part du travail consacrée à l’entretien (le salaire naturel) augmente.
2. Cela veut-il dire que le niveau de vie du travailleur augmente ?
Pour Ricardo, le prix naturel du travail n’est pas fixe et constant, même si on l’estimait en vivres et
autres articles de première nécessité, car selon le temps et l’espace, il y a une conception particulière
du niveau de vie qui est un déterminant culturel et historique. Si on considère le niveau de vie du
travailleur comme son pouvoir d’achat, pour Ricardo, le niveau de vie augmente lorsque le prix
courant du travail, déterminé par les rapports de l’Offre et de la Demande, s’élève au-dessus de son
prix naturel.
Si on considère l’évolution du niveau de vie global des travailleurs, pour Ricardo et les classiques en
général, l’accumulation fait augmenter les salaires, et l’enrichissement global profite à tous.
Pour Smith : « l’ouvrier anglais le plus pauvre est mieux nanti qu’un prince indien ».
3. De quoi dépend l’amélioration du niveau de vie des travailleurs ?
Pour Ricardo, l’amélioration du niveau de vie des travailleurs dépend des facteurs influençant la
conjoncture.

Quels sont les effets de la hausse du prix des produits agricoles sur les profits des
manufacturiers ? Et des fermiers ?
Pour Ricardo, l’augmentation du prix des produits agricoles nécessaires à l’entretien du travailleurs
entraîne l’augmentation du prix naturel du travail, et donc du salaire. Cette hausse de salaire entraîne
une baisse du profit des manufacturiers car ils doivent augmenter leurs salaires pour que les
travailleurs puissent acheter les marchandises nécessaires à leur entretien.
Dossier 2 − La théorie ricardienne de la répartition